L’approche évolutionniste des émotions a largement été diffusée par les travaux du psychologue américain Paul Ekman. Ses recherches ont permis de mettre au jour l’existence de 7 expressions faciales émotionnelles considérées comme universelles (joie, peur, dégoût, etc.). A partir de ses études sur la reconnaissance émotionnelle, Ekman proposa en 1992 un argumentaire pour supporter l’existence d’émotions dites de base et relevant d’un caractère innée. Seulement il existe d’autres approches évolutionnistes des émotions comme celle de Cosmides et Tooby (2008), que nous détaillons succinctement ci-dessous.
Une vision évolutionniste des émotions
Selon les auteurs la psychologie évolutionniste consiste à considérer que les composants fonctionnels de la psychologie ont été bâtis par la sélection naturelle dans le but de résoudre des problèmes adaptatifs rencontrés par nos ancêtres qui devaient chasser et cueillir de la nourriture pour survivre. Ces composants permettraient également de réguler les comportements des individus lorsque des problèmes adaptatifs ont été résolus.
Au cours de l’évolution nos ancêtres ont dû faire face à des situations posant des problématiques d’adaptation. Pour les gérer, le processus de sélection naturelle a conduit à bâtir des « programmes » cognitifs afin de les gérer de manière efficiente. Par exemple, pour se reposer il est nécessaire de dormir (programme) qui implique de : fermer les yeux, diminuer l’attention que nous avons de notre environnement, etc. Ce « programme » dormir entraine une multitude de changements psychologiques, physiologiques et comportementaux. Il existerait ainsi une multitude de « programmes » permettant d’être adapté à notre environnement : manger, courir, se concentrer, chasser, etc.
Sauf qu’il est possible que des « programmes » soient incompatibles. Cela peut être de cas de dormir (parce qu’il fait nuit) et d’avoir repéré un dangereux prédateur. S’endormir alors que l’on est potentiellement en danger est une attitude inadaptée pour sa survie et celle de l’espèce. Il existerait alors des « méta-programmes », comme les émotions, permettant d’organiser et de hiérarchiser toutes ces actions.
Pour continuer sur le même exemple, lorsque qu’un individu repère un prédateur, il va ressentir une émotion de peur. L’apparition de cette émotion va alors organiser les différents « programmes » en, sommairement, les activants ou les inhibants. Ainsi la peur va, dans ce cas, activer l’action de fuite et inhiber l’action de dormir, etc. Résultant, par exemple, en une accélération du rythme cardiaque, augmentation de l’acuité auditive, une focalisation attentionnelle sur le potentiel danger, (etc.), et une expression faciale traduisant de la crainte.
Et les expressions faciales ?
Dans cette vision développée par Tooby et Cosmides, les expressions émotionnelles, tels que les mouvements faciaux, ne sont produites que pour certaines émotions. Il s’agit des émotions dont l’expression spontanée et automatique aurait eu un intérêt évolutif dans la survie de l’espèce. Autrement dit, la communication émotionnelle n’est pas toujours nécessaire à la survie d’un individu. Par conséquent, plusieurs émotions ne semblent pas avoir d’expressions émotionnelles automatiques telles que la jalousie, la culpabilité ou le sentiment de gêne. La question n’est alors plus de se demander ; Pourquoi les émotions s’expriment automatiquement via le visage et/ou le corps ? Mais plutôt, pourquoi certaines émotions s’expriment automatiquement et d’autres non ?
Référence : Tooby, D, & Cosmides, L. (2008). The Evolutionary Psychology of the Emotions and Their Relationship to Internal Regulatory Variables. Handbook of emotions. (pp 114–137).