Vous êtes vous déjà intéressés à la manière dont les personnes portent les enfants dans leurs bras ? A gauche ou à droite ?
Les femmes portent davantage les enfants sur leur côté gauche du corps. Cette préférence pour le côté gauche semble être indépendante du fait d’être droitier ou gaucher. Depuis les premières études dans les années 60, cette tendance est observée à travers le monde et est également observée chez des primates non humains comme les gorilles et les chimpanzés.
Cependant, des données contradictoires concernent les hommes. Des études ont montré que cette tendance est retrouvée aussi bien chez les femmes que chez les hommes, comme par exemple dans le bercage de nouveaux nés. Pourtant, d’autres études réalisées au Sri Lanka et en Amérique du nord ont montré une forte préférence pour le côté gauche chez les femmes mais pas chez les hommes. La multiplicité des méthodologies employées pourrait être à la source des différents résultats.
Pour cela le biologiste Manning (1991) a rassemblé plus de 1600 photographies issues d’album de famille. Les photographies dans lesquelles le bébé était alimenté ou allaité on été supprimées. Sur chacune des photos, l’auteur relevait plusieurs variables comme le sexe et l’âge de l’adulte et de l’enfant. La position de l’enfant (à gauche ou à droite) de l’adulte, ainsi que le lien d’affiliation entre l’adulte et l’enfant.
Les résultats montrent que 61% des femmes portent les enfants à gauche contre 47% pour les hommes. Le fait de porter l’enfant à gauche est plus fort pour les enfants de moins de trois ans aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Cependant la tendance à garder l’enfant à gauche chez les femmes par rapport aux hommes persiste à travers l’avancé en âge des enfants. Il aurait également une tendance familiale à tenir les enfants à gauche pour les femmes.
Si cette différence entre les sexes est tenue pour vraie, quelles en sont les explications ? L’hypothèse de la « première personne en charge de l’enfant » (« primary caretaker hypothesis ») est avancée. Selon cette hypothèse, en réponse au taux de mortalité des nourrissons les « premières personnes en charge de l’enfant » ont du développer une habilité plus fines à détecter les indices émotionnels des enfants au cours de l’évolution. Chez les primates non humain et humain la femme prédomine les soins des bébés. De plus, les femmes sont meilleures et plus rapides que les hommes dans la détection des émotions. Selon l’auteur, le portage à gauche et la spécialisation hémisphérique droite des processus affectifs, semblent être plus développés chez les femmes que chez les hommes. Ce qui pourrait être une partie de la réponse adaptative des « premières personnes en charge de l’enfant » dans les sociétés primitives humaines.
Référence : Manning. (1991). Sex differences in left-side infant holding:results from »family album » photographs. Ethology and sociobiology 12: 337-343.