Effectué principalement en rituel de salutation, la poignée de main est très répandu également dans le monde de la diplomatie, des affaires et de la politique, générant parfois pour cette dernière sphère, quelques situations burlesques. Ce signe peut également revêtir un caractère d’accord mutuel lorsqu’il est effectué en conclusion d’une négociation ou d’une décision. Mais que signifie-t-il ? A-t-il un sens objectif ?
Serrer la main
Sauf s’il s’agit d’un code prédéfini par un groupe comme moyen de reconnaissance et d’appartenance (gang, sociétés initiatiques…) la signification d’une poignée de main – celle que nous effectuons quotidiennement – ne peut être abordée que sous l’angle de la perception et du stéréotype. En effet, la poignée de main implique de la part de deux sujets l’émission d’un signal – qui peut être plus ou moins conscient (exemple : exercer une forte pression pour signifier de la fermeté) – mais surtout provoque chez celui qui reçoit ce signal, une évaluation établi sur la base de règles subjectives liées aux croyances et aux représentations du receveur. Ainsi, il est communément admis que les hommes ont des poignées de main fermes contrairement aux femmes, et que ces mêmes poignées de main fermes donnent une impression plus favorable que les poignées de main « moles ».
La psychologie naïve définit la poignée de main comme une sorte de carte de visite propre à chaque individu. Le psychologue français Descamps a défini avec son équipe en 1982, une liste (non exhaustive) d’informations non verbales accompagnant la poignée de main (en France) : distance interpersonnelle, pression, durée, mouvement, thermie, moiteur, ce que l’on tend (nombre de doigts par exemple) et autres informations sensorielles (rugosité, tremblements…), à partir desquelles chacun infère des traits de personnalité à la personne qui lui sert la main.
Cette équipe de chercheurs a pu définir, sur la base d’un questionnaire présenté à 120 personnes, une stéréotypie inférée des poignées de mains. Il est ressorti que l’information principale transmise par ce geste donnait des indications d’ordre psychologique ayant trait à la personnalité. Elles sont résumées en partie dans le tableau suivant :
Plus récemment, en 2000, une étude s’est penchée sur la perception que nous avons des poignées de main lors d’une première rencontre. Pour cela 4 testeurs ont appris à coder différents critères des poignées de main selon 5 critères : la force de la pression, la vigueur, la durée, la prise en main (complète ou incomplète), et le contact visuel associé. Les testeurs ont ensuite serré la main à 112 sujets naïfs, c’est à dire n’ayant pas connaissance de l’objet de l’étude.
Ainsi, cette recherche a démontré que les hommes ont en majeure partie une poignée de main plus ferme que les femmes et que chacun a une certaine constance dans sa façon de serrer la main. D’autre part, les poignées de main « fermes » ont engendré des jugements plus favorables des sujets.
Associé à des tests de personnalité, il est ressorti que les extravertis ont des poignées de main plus fermes que les introvertis, tout comme les femmes plus réceptives et ouvertes d’esprit, laissant ainsi une meilleure impression. Les hommes plus réceptifs et ouverts d’esprit, eux, donnaient une poignée de main moins forte, laissant ainsi une moins bonne impression alors que les hommes les moins « ouverts », donnaient une poignée de main plus ferme. Cette étude a également démontré que les testeurs pouvaient, grâce à l’évaluation du style de poignée de main des sujets, définir avec pertinence certains traits de personnalité.
Tout en nous offrant les prémices de ce qui pourrait constituer une grille de lecture objective de la poignée de main, ces recherches nous éclairent également sur la pertinence à étudier certains comportements non verbaux selon la manière dont ils sont perçus et interprétés dans la vie courante. Bien que mettant en avant quelques croyances ou stéréotypes comme étant finalement justement fondés, les résultats de ces études permettent de pointer du doigt que ces représentations influant sur nos jugements, ne sont pas toujours justes.
Références :
– M.A.Descamps, (1989), « Le langage du corps et la communication corporelle », Ed. PUF

– W.F.Chaplin, J.B.Philips, J.D.Brown, N.R.Clanton & J.L.Stein, (2000), « Handshaking, Gender, Personality, and First Impressions », Journal of personnality & social psychology, 79(1), pp.110-117